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La nouvelle a traumatisé voici quinze ans, le 17 septembre 1995, la famille libérale et le monde politique belge. Incrédules, nous apprenions qu'une hémorragie cérébrale avait brutalement emporté Jean Gol. Ainsi disparaissait à 53 ans un véritable géant, un homme d'Etat à la stature exceptionnelle. A l'occasion de ce triste anniversaire, nous nous souvenons avec émotion de celui qui rénova de fond en comble le mouvement libéral. Jean Gol a joué un rôle-clé dans l'évolution structurelle et doctrinale de la famille libérale francophone. Il fut l'un des fondateurs du PRLW en 1976 avant de se consacrer au PRL en 1979. De 1981 à 1988, il fut Vice-Premier Ministre et Ministre de la Justice dans les Gouvernements Martens-Gol. En 1993, il créa le PRL-FDF. La transformation et la modernisation de son parti fut l'une des grandes œuvres de la vie du Ministre d'Etat, qui prépara ainsi le retour au pouvoir des Libéraux, «le pouvoir non pas pour lui-même mais, pour changer les choses et non les subir,» comme il l'écrivit à l'époque. Personnalité forte, ce Liégeois était devenu dès 1979 le promoteur d'un concept totalement neuf, celui de «nation francophone», regroupant les francophones de Bruxelles et de Wallonie. En 1995, et depuis le début des années 1990, face aux revendications autonomistes croissantes venues du nord du pays, il s'interrogeait ainsi de plus en plus ouvertement sur l'avenir de l'espace francophone belge tout en paraissant bien déterminé à tout mettre en œuvre pour lui donner une chance de s'organiser sérieusement.
«Nul ne sait quel aurait été son parcours ces dernières années», indique ainsi le Président du MR Didier Reynders. «Il aurait certainement poursuivi son combat pour les libertés, son engagement européen et sa défense d'une nation francophone dans une Belgique en constante évolution», poursuit-il. Jean Gol survit dans nos cœurs et nos mémoires, ainsi qu'à travers la fondation créée pour perpétuer le souvenir du disparu dès le lendemain de son décès et qui porte son nom au sein de l'Université de Liège. Jean Gol survit aussi au sein du Centre qui porte également son nom, le CJG, qui organise des manifestations et des débats thématiques et publie des cahiers sur les grands thèmes sociétaux, entre autres. Jean Gol fut le maître incontesté de son parti et une référence pour l'ensemble du monde politique belge qu'il dominait par une lucidité hors du commun associée à une culture et une mémoire prodigieuses, assortissant ces qualités d'un humour particulièrement incisif et d'une capacité oratoire qui jamais ne laissait indifférent. Il avait aussi l'intelligence de pouvoir et de vouloir consulter et déléguer avant de prendre une décision, tout en s'entourant de collaborateurs de très haut niveau. Homme de combat, Jean Gol était convaincu de la nécessité d'ajouter les libertés formelles aux libertés réelles que sont les droits économiques et sociaux, ces droits économiques et sociaux ne pouvant avoir d'effet que si les premières existent. Jean Gol défendait aussi l'humanisme libéral: «Parce qu'il crée la richesse collective, le libéralisme rend dès lors possibles les progrès sociaux. Au-delà, les priorités sociales des Libéraux ont leur originalité. Elles visent à empêcher l'exclusion sociale car il n'est pas tolérable que notre société avancée connaisse des poches de misère indignes de notre siècle,» disait-il. Et d'ajouter que les Libéraux «ne font pas de l'action sociale une profession. En ce domaine, comme en d'autres, nous intéresse d'abord l'individu auquel nous voulons rendre dignité et courage lorsque les vicissitudes de l'existence l'ont abattu ou déshérité.» Voilà brossé en quelques traits le portrait de l'homme politique, de l'ami, du compagnon de route dont l'exemple et le souvenir demeurent présents dans nos mémoires quinze ans après sa disparition prématurée. «Chacun peut mesurer aujourd'hui combien la réflexion et l'action de Jean Gol ont influencé la vie politique de notre pays depuis les années 1970. Il y a quinze ans, un maître nous quittait. Il y a quinze ans, je perdais un ami», conclut Didier Reynders.
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